vendredi 18 août 2017

Repos 5-6-7-8, Angerville, mardi 15, mercredi, 16 jeudi 17, vendredi 18 août 2017


Ville
Angerville
Département(s)
Essonne (91)
Région(s)
Ile de France






J’enfile les journées de repos comme des perles. Le temps file doucement mais surement entre mes doigts. Je m’assoupis ; où me décontracte, c’est selon.
J’écoute avec plaisir la douce mélodie des feuilles agitées par le vent qui me fait penser à un solo de harpe. Et puis après cette apaisante introduction musicale, un son clair, tranchant comme un scalpel. Telles les trompettes d’un orchestre symphonique, le chant des coqs prend le relais pour apporter contraste et transition. La musique prend son envol, le son s’amplifie. Le chant du coq… qui me renvoie à mon enfance quand, petit Parisien, je passais week-end ou vacances en Beauce, dans la famille. Les affrontements avec mes camarades de jeux autochtones était légions et démarraient souvent suite à leur provocation favorite : « Parigot, tête de Co ». Malgré l’indéniable rime, la tirade avait le don de me foutre en rogne. Et ça tombait bien car c’était fait pour.
J’ai vieillit.
L’évocation de cette phrase désormais me fait sourire.
Je suis confortablement installé dans un fauteuil, bien protégé par la porte fenêtre et, tout en écoutant les couplets de la nature, je regarde l’extérieur. Je suis face à un ciel typique de l’Ile de France : un gris qui varie selon les jours et les heures, du gris clair au gris foncé presque noir. Il ne fait pas froid, ni chaud. Surtout douillettement installé à l’intérieur. Forte ou faible, la pluie semble toujours présente ici. Et lorsqu’il ne pleut pas, la noirceur du ciel fait craindre le pire.

Et je suis bien benèze avec ce ciel gris et cette pluie.

4 jours que ça dure. A croire que le ciel se plait à me fixer en Beauce. A chaque fois que je suis prêt à partir, bing, une averse balèze, de celle qui vous trempe en un instant jusqu’aux os. Alors, devant la violence des éléments naturels, je diffère mon départ. Aujourd’hui la matinée à été conforme aux prévisions météo : le déluge. Tout devait s’arranger dans l’après midi. Et de fait, à midi, la pluie cessa. Mais à 14h alors que j’étais dans les starting-block, je fermais mes sacoches, LA pluie diluvienne : droite, drue, et endurante. Je retarderais donc encore une fois mon départ. Estimation demain matin vers 10h, direction plein Sud vers La Ferté-Saint-Aubin via Orléans.

Je m’en retourne donc dans ma coquille, dans ma machine à remonter le temps. Je reste encore une journée avec ma famille Beauceronne. Depuis mon arrivée, j’écoute attentivement les anecdotes familiales dont certaines déclenchent des successions d’images remontées des profondeurs de mon cerveau. Je suis surpris : ma mémoire ne correspond pas aux récits entendus. Ne peut-on donc pas faire confiance à nos souvenirs ? Notre esprit semble se complaire à modifier notre histoire. Pas forcément pour l’embellir, ni la noircir d’ailleurs. Non, juste la changer. Dans quel but ? Je l’ignore. Est-ce volontaire ou n’est-ce que dérèglement de la mémoire ? Je ne sais. Toujours est-il que je constate que mes souvenirs divergent sensiblement de la réalité. Il va me falloir les
ajuster. Mais pour l’instant j’écoute. Parfois je revis quelques scènes, parfois, je pars de mes rêves. Je voyage dans ma tête, dans le temps comme dans l’espace. Merveilleux voyage. Rapide, non linéaire, aérien, facile.

Je retrouve toujours avec grand bonheur ma famille Beauceronne. Et bien que je sois une sorte de loup solitaire qui ne donne, ni ne prend de nouvelles, j’apprécie intensément ces moments partagés.
Je suis une énigme. Même pour moi.
J’apprécie beaucoup la solitude. Je crois même en avoir le besoin. Je ne contacte pas les autres. Mais j’adore les rencontres fortuites et physiques. A vrai dire, il ne me semble pas que je sois adapté aux relations distantes. Epistolaires, peut-être. Mais le distant conjugué au temps réel, non. Trop perturbant pour moi. Le rêve, d’accord, l’évasion cérébrale, oui, mais la technologie comme substitut à l’éloignement, non. Soit on est loin, soit on est près, mais faire semblant d’être près en étant loin, je ne suis pas preneur. Je vis cela comme une sorte de démembrement. Mon corps éparpillé en différents endroits sur la mappemonde, non merci. Le téléphone, le Chat, la vidéo conférence, non merci. Je tiens trop à mon intégrité physique et mentale pour pouvoir supporter de telles distorsions de l’espace temps. Et puis rapidement nous en arrivons à cette primauté du distant sur le proche, à la tyrannie de l’instant (sonneries diverses qui nous conditionnent tel le chien de Pavlov) et aux affligeantes banalités, à l’absence de réflexion, à la prééminence de la forme sur le fond, à celle du constat sur la réflexion.
Alors je vis intensément le plaisir de ces retrouvailles familiales rares et non plannifiées.



4 jours, c’est long ? Non, le temps à défilé comme une météorite. Et après une première matinée de débroussaillage sous une petite pluie, le temps s’est écoulé entre longues causeries au sein de l’entourage familial, et entretien mécanique de mon vélo.
Après un nettoyage et huilage de la transmission de ma bicyclette voyageuse, j’ai regardé l’état de mon frein avant. Mes plaquettes étant au bout du bout, je les ai remplacées par des belles toutes neuves et toutes épaisses. Et, du fait de cette épaisseur, je suis retombé sur mon problème récurrent depuis le début de mes vacances : frottements des plaquettes sur le disque un peu voilé ; petit bruit mais TRES agaçant. Alors je m’agace. Forcément. Et une nouvelle fois, je démonte mon étrier de frein avec l’espoir (irréaliste) de supprimer ce frottement. Galères. Je retrouve mes problèmes déjà rencontrés en montagne. La fixation du garde-boue avant force sur l’étrier, empêchant tout centrage correct des plaquettes par rapport au disque. Il faut donc bidouiller à vue. Je bidouille, longtemps, mais je vois mal… Enfin après un trop long moment très agaçant, je me satisfais d’un résultat médiocre. Il me faudra absolument trouver une solution mécaniquement acceptable durant l’hiver. Pour l’instant, j’ai des plaquettes de frein avant neuves ; c’était nécessaire. Les précédentes ont du faire 2000km, ce qui est peu, même chargé et même compte tenu d’un parcours montagneux bouffeur de freins.


Mais le plus important vient maintenant : ma nouvelle selle que j’ai réussi à me faire livrer dans un magasin situé dans un village proche. Je vais la chercher en vélo, je reviens, je me pose et je procède à son installation. Je fais quelques tests statiques pour régler son horizontalité ; compte tenu de la
forme de cette selle (non plate) qui remonte sur l’arrière (afin d’assurer un calage du bassin), on ne peut la régler avec un niveau. Il me faudra probablement faire quelques corrections de réglage de cette selle durant les 200 premiers kilomètres.

Cependant, j’ai une bonne nouvelle : le premier contact dynamique lors d’un premier essai de 2km est très encourageant. Cette selle semble confortable.




Mais attention :

  • Toutes les selles sont toujours confortables sur 2km.
  • Depuis 4 jours, je fais moins de 15km/jour de vélo. Mon arrière train a donc abandonné sa face de babouin pour retrouver sa bonne petite couleur pastelle de cochon de lait. Je ne pourrai commencer à me faire une idée tangible du confort de cette selle que dans 3-4 jours.
  • D’une façon générale durant la première heure de pédalage, toutes les selles sont confortables. Et pour recevoir le label confort, il faut passer les 4h de pédalage sans grosse douleur de l’arrière train.


Il est 20h, le ciel se dégage doucement. Le bleu tente de conquérir le ciel mais la bataille est féroce contre les nuages noirs qui m’ont l’air très méchants. Demain matin, je pourrai évaluer l’issue de ce combat. Mais pour l’instant je vais aller dîner avec ma Tata.

A demain pour le début, j’espère, de la quatrième partie de mon voyage cycliste, la traversée Nord-Sud de notre très beau pays.





A demain.








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