samedi 19 août 2017

J33 Etape 25 Angerville – Salbris ; samedi 19 août 2017


Distance
124km
Dénivelé
367m
Durée de pédalage
6h37
Moyenne
18,7Km/h
Département(s)
Essonne (91), Eure-et-Loir (28), Loiret (45), Loir-et-Cher (41)
Région(s)
Ile-de-France, Centre-Val de Loire
 
La Beauce d'aujourd'hui et ses Eoliennes, les nouveaux moulins à vent

























Ce coup-ci, c’est la bonne. Je me suis remis en route. Il était temps car les jours défilaient, et il me faut désormais envisager le retour. Je dois en effet couvrir environ 1000km en 13 jours.  En tenant compte des inévitables imprévus, d’une journée de repos et de quelques détours, je dois me fixer minimum 100km/jour. Surtout au début car les dénivelés seront minimes. Cela signifie 6h de pédalage quotidiens, donc, 6h sur ma belle selle toute neuve. Tiens, à propos de cette selle, son revêtement style peau retournée est particulièrement fragile ; il suffit de  le regarder pour qu’il se tâche. N’ayant pas de béquille, j’avais pris l’habitude, à l’arrêt, de mettre le vélo en appui sur sa selle. Et bien, là, à chaque fois, je frise la crise cardiaque en voyant ma belle selle neuve vieillir à vue d’œil. Il faut que j’arrive à me décontracter de la selle si je veux rester en vie. Donc, premier défaut de cette selle, elle est fragile, au moins esthétiquement.
Et pour le confort ? Il faut que je l’avoue, et cela m’est douloureux après tous les espoirs que j’avais placé dans ce bijou de technologie, mais une selle reste une selle. Il me faut redescendre sur terre et admettre que l’appui est trop petit pour pouvoir être confortable. Et tant bien même il serait plus large, les intérieurs de cuisses y passeraient à coup sûr. La selle se transformerait en rabot. Et puis, même rester plus de 6h sur un canapé, ce n’est pas confortable. Alors rester plus de 6h sur une petite selle… Enfin, il faut nourrir quelques espoirs et se plaire à penser que, peut-être, cette selle va se rôder avant que mes fesses ne passent définitivement l’arme à gauche.
Pour résumer, cette selle n’est pas à proprement parler un instrument de torture mais elle travaille tout de même le fondement en profondeur. Comme toutes les selles, au début on la trouve sympathique, voir même confortable si l’on a chargé la dose d’antidépresseurs. Après 2h, c’est moins bien. Après 4h l’assise devient difficile et après 6h elle devient impossible. Cette nouvelle selle est-elle mieux que la précédente ? Vu son prix, je tiens absolument à me persuader que oui. Toujours dans un but de protection contre l’infarctus. Disons qu’elle ne me fait pas mal exactement au même endroit et au même moment qu’avec ma selle précédente ; et peut-être même me fait-elle un peu moins mal. Il faut être positif lorsque l’on achète une selle si chère. Le vrai bilan viendra en fin de semaine prochaine.




Je vous préviens, ce matin, c’était ma séquence régression et pleurnicherie. Si je l’avais pu, j’aurai ressorti mon doudou. Je vous explique. Je me suis concocté un petit parcours des familles qui m’a ramené plus de 45 ans en arrière lorsque Minos, j’arpentais déjà petites routes et étroits chemins Beaucerons en vélo. Mon premier « grand » voyage en vélo a été le résultat d’une dispute d’enfants.
Ma Tata
Je devais avoir 6 ou 7 ans et j’étais en vacances chez mon oncle et ma tante à Angerville. Je ne me rappelle plus pourquoi, mais une dispute éclata avec ma cousine. Etant déjà d’un caractère entier et déterminé, je décidais que c’en était trop et j’enfourchais ma bicyclette avec la ferme intention de ne pas rester une seconde de plus dans cette maison. Et je me en route mis séance tenante en direction d’Armonville-le-Sablon, ou habitait ma grand-mère. J’avais parcouru quelques fois ce trajet en voiture, mais à l’arrière, et sans prêter une attention particulière à l’itinéraire emprunté. Et là, soudainement j’étais seul avec de vagues souvenirs. Je me rappelle qu’il n’était pas envisageable que je fasse demi-tour après avoir annoncé que je partais et que je ne reviendrai pas. Et je me rappelle aussi très bien de ma peur. Cette peur de se perdre, de ne plus retrouver quelque chemin que ce soit.
Ma Tata version Châtelaine
Mais même cette peur n’aurait pu me faire faire marche arrière. A force d’essais et de demi-tours, je réussis néanmoins à arriver à bon port, fatigué tant physiquement que nerveusement, mais très fier de ma performance : Parcourir, seul, sans aucune aide, le trajet Angervlle – Armonville-le-Sablon, et sur mon vélo. Sorte d’épopée fantastique à cet âge. Mon arrivée fit d’ailleurs grande sensation, me confortant dans ce sentiment que j’avais réalisé là quelque chose d’exceptionnel. Et je me souviens encore des cris d’angoisses de ma grand-mère lorsqu’elle réalisa que j’avais réellement fait ce chemin tout seul sur mon vélo. Ma réputation d’enfant décidé était faite si tant est que cela dusse encore être fait.

Mais, je dois l’avouer, je ne m’améliore pas avec l’âge. Ce matin, je me suis perdu. J’ai raté l’embranchement initial je ne sais à quel endroit. Vous me direz, le début c’est souvent le plus dur.
La Beauce
Vrai. Bref, il me semblait avoir pris la bonne route et je pédalais. J’essayais de me remémorer cette route que j’avais emprunté quelques dizaines d’années auparavant, mais rien à faire, mes souvenirs n’arrivaient pas à s’aligner avec l’itinéraire que je suivais. Alors, j’ai fait ce qu’il ne m’était pas possible de faire à l’époque, j’ai sorti mon attirail électronique du fond de sa tanière, et je lui ai demandé de me guider. Encore une fois, le routage de Google Maps a été limite. Le farceur m’a entrainé dans des routes de plus en plus petites qui ont fini dans des chemins. Oui mais, en Ile- de-France comme un peu partout dans le Nord, l’été à été très humide, alors les chemins sont très boueux, comme à l’époque ou j’empruntais le vélo de ma grand-mère pour aller l’enliser en hors piste, en me faisant mon film de futur champion du monde de motocross. Depuis, il semblerait j’ai gagné en finesse de pilotage ce que j’ai perdu en mémoire, car j’ai réussi à rester sur mon vélo. Vitesse constante, pas de coup de pédale nerveux, ne pas toucher au guidon et ne pas trop ralentir. J’entendais la boue taper, je la voyais remonter sur mes sacoches, je sentais la roue arrière riper et la roue avant tenter de se coucher. Je craignais un plat dans  la bouillasse, mais non, j’en suis sorti dignement assis sur ma selle (on s’assoit sur ce que l’on peut !). Heureux. Une fois sur le bitume, la boue volait très bruyamment de tous cotés. Ce n’était plus un vélo, c’était un tracteur tant il était boueux. J’ai finit par retrouver la route de mes souvenirs. Assez longue, une dizaine de kilomètres, avec quelques petites montées et changements de direction. Epreuve effectivement difficile pour un enfant de 6-7 ans. J’ai atteint Armonville-le-Sablon, tout petit village d’une centaine d’habitants ou résidait ma grand-mère. Le temps a passé, évidemment. Les choses ont changé. Et il m’a fallu de
l’imagination pour reconnaitre la maison d’antan. Le jardin de devant ou ma grand-mère faisait pousser de nombreuses fleurs n’est plus clos et n’a plus de fleurs. Le jardin potager derrière la maison est désormais un petit jardin d’enfant. Car il faut que je vous dise, la maison de ma grand-mère était contigüe à la mairie et était une sorte de la maison de gardien ; un couloir commun menait à la porte de droite pour la mairie et à la porte de gauche pour l’appartement de ma grand-mère. Bref tout a été transformé, modernisé, amélioré, ce qui est un bienfait pour tous, sauf pour mes
souvenirs. Avant de quitter le village, je me suis arrêté à la mare aux canards, et signe des temps, les canards n’y sont plus.


Ensuite j’ai continué ma journée de commémoration en me rendant à Janville, encore une dizaine de kilomètres plus loin. Nous y passions quelques fois les vacances d’été lorsque j’étais enfant. J’ai retrouvé la maison que mes parents louaient au maire d’alors et qui habitait une belle demeure au
milieu d’un grand parc attenant à notre location. J’y jouais souvent avec les petits enfants du maire qui avait sensiblement le même âge que moi. Avec le garçon, on prenait nos lances pierres pour aller chasser les ragondins qui venaient autour de la petite rivière au centre de cet immense jardin. Et puis, dans ce grand parc vallonné, on organisait de longues et merveilleuses parties de criquet. Lorsque je n’étais pas dans le parc, j’étais à la piscine municipale. Une piscine découverte dans laquelle je faisais, avec mon père des concours de longue distance en natation. Et puis il y avait les plongeons au plongeoir de 5 mètres qui m’apparaissait alors si haut.


De temps à autre avec ma mère et ma sœur, nous partions en vélo, suivi de notre chien qui courrait à coté de nous, visiter ma grand-mère. Elle nous recevait toujours avec la table de la salle à manger  remplie de gâteaux qu’elle avait cuisinés pour notre arrivée. Je me souviens encore de ces flans, de ces mokas au chocolat, à double ou triple étages, de ces tartes... La table était pleine et moi j’étais émerveillé. Voilà peut-être l’origine de ma formidable gourmandise de pâtisseries. Ces histoires me donnent faim, et je n’ai rien à manger. Je m’enfile dans mon duvet, le ventre vide en rêvant au goût exquis de tous ces merveilleux gâteaux que cuisinait ma grand-mère.


Bonne nuit. 

Janville, sa piscine découverte

Janville, sa piscine découverte, on y apprend à nager

Janville, sa piscine découverte



Tiens, v'la la Jeanne

Orléans




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Etape 34 Fréjus - Nice ; mardi 29 août 2017

Distance 71km Dénivelé 513m Durée de pédalage 3h38 Moyenne 19,4Km/h Col(s) ...