lundi 14 août 2017

Etape 24 Montigny-sur-Loing – Angerville ; lundi 14 août 2017


Distance
90km
Dénivelé
454m
Durée de pédalage
5h
Moyenne
18Km/h
Département(s)
Seine et Marne (77), Loiret (45), Essonne (91)
Région(s)
Ile-de-France, Centre-Val de Loire











J’ai couché à Montigny-sur-Loing. J’y ai fait de beaux rêves. Du temps d’avant. Des jours heureux. De nos promenades en forêt qui nous conduisaient jusque dans les jardins du château de Fontainebleau. Lorsqu’il faisait froid, une fois arrivés, nous nous réfugions un temps dans la chaleur confortable d’un salon de thé ; nous nous réchauffions alors en buvant d’onctueux chocolats chauds tout en dégustant quelques succulents gâteaux dont nous étions si gourmands. Lorsqu’il faisait chaud nous nous délections de glaces. Et puis, nous rentrions pour retrouver notre maison à la tombée de la nuit, juste entre chien et loup. Nous croisions de grands animaux, sangliers, daims, biches voir cerfs, qui se croyaient alors seuls à ces heures tardives dans cette forêt recouverte de silence. Notre complicité était totale, l’harmonie parfaite, et tout était prétexte à des fou-rires sans fins. Nous croyions immensément en nous, immensément en l’autre. Nous étions jeunes, beaux et forts. Invincibles. Rien n’aurait pu nous arrêter. Sauf nous… un jour… encore lointain… que nous ne pouvions, heureusement, pas encore imaginer. Pour l’instant nous vivions un bonheur intense, sans tache, et nous avions l’avantage d’en être pleinement conscient. Je savais que l’amour était une chose fort délicate, fragile comme le verre, insaisissable, libre comme l’air, puissant comme le vent, tourbillonnant telle une tornade. Etre amoureux, disais-je alors, c’est être comme un équilibriste, là haut, dans les brumes, au dessus des chutes du Niagara. Et avancer sur un fil. Avec ces rafales de vent qui vous font vaciller. Etre amoureux, c’est être inondé de bonheur et ne pas connaître l’inquiétude. C’est croire dans le pouvoir magique de l’équilibre ; être certain que votre perche, que vous tenez souplement dans vos mains, vous permettra de vous rattraper in extremis si par nature le besoin s’en faisait sentir. Votre corps penche à droite, à gauche, en avant, en arrière. Vous oscillez tel un pendule perché tout là-haut au-dessus du vide. Une seule jambe sur le fil. L’autre, en l’air, allant de l’avant à la recherche du destin. Etre amoureux, disais-je alors, c’est être souple comme le roseau pliant sous le vent. Ne pas résister, accompagner le mouvement, être sûr que vos pieds retomberons toujours sur ce fil pour vous faire avancer encore et encore. Toujours oscillant, mais toujours sur le fil. J’avais alors la conscience de notre immense bonheur et de la nature indomptable de l’amour. Je vivais à plein tous les instants. Nous étions bien à Montigny-sur-Loing.

Ce matin, au réveil les étangs du bord du Loing sont sous la brume. Les canards n’apprécient pas que je m’approche de leur plan d’eau. Ils s’éloignent et s’évanouissent dans le brouillard, cancanant leur désapprobation. Je reste là, immobile à contempler les lieux. Je frissonne, mais je ne peux me détacher de ce spectacle, de ce plan d’eau, de ces arbres, partout, des bruits de la faune, des odeurs de la flore, et de cette brume qui essaye très doucement de se dissiper. Puis, le soleil tente délicatement une apparition. Le froid se fait alors moins pinçant. Les paysages, peu à peu se découvrent.


Très tôt, je suis sur mon vélo. Je me promène dans les rues de Montigny-sur-Loing, puis dans les champs derrière notre ancienne maison, là ou nous avions l’habitude de nous rendre. Un fin sourire est accroché à mes lèvres. Je me rappelle. Ma vie passée, remplie de bons moments, défile dans ma tête et me fait l’effet d’un breuvage euphorisant. A travers champs, je rejoins Bourron-Marlotte. Je vais m’y faire un petit plaisir ; je l’ai décidé hier soir. Je m’arrêterai à la boulangerie ou nous allions chercher notre pain et nous régaler de pâtisseries dont nous étions si friands. J’arrive devant la devanture. Mince alors, elle est fermée. Pour vacances. Comme moi. Alors, un peu dépité, je file vers
Fontainebleau. Je traverse la forêt, si dense, ses fougères, ce vert, ces arbres si grands, si divers et j’arrive au carrefour de l’Obélisque que je passais à l’époque à mach 12, la voiture en glisse des 4 roues qui hurlaient leur souffrance, du centre du carrefour jusqu’à l’extrême bord de la route. J’ai toujours aimé la glisse, en voiture, en moto, en vélo, en snowboard. J’aime cette sensation grisante de limite, d’instabilité, d’apesanteur, cette sensation de ne plus, pour un temps, être soumis aux forces de la gravité terrestre. Etre léger. Notre corps ne pèse plus rien, en suspension entre ciel et terre. Dans Fontainebleau, je flâne presque 2 heures. Dans le château, dans ses jardins, dans ses petites ruelles, à l’orée de la forêt, jusqu’à arriver à la gare que j’empruntais parfois.








Il est temps maintenant de me mettre en route en direction de la Beauce.
D’Avon, je m’en retourne vers le château de Fontainebleau. Au début de la « Rue Grande » je traverse pour garer mon vélo devant une appétissante pâtisserie. Je vais enfin me l’accorder ce petit plaisir gourmand. Je vais déguster une pâtisserie. J’entre et je me délecte déjà des effluves sucrées qui inondent le lieu. Je salive devant le présentoir. J’hésite. Vais-je faire le bon choix ? Vais-je être déçu ? J’opte in fine pour un éclair au chocolat. Choix risqué tant cette pâtisserie, qui ne supporte pas la médiocrité, est souvent décevante. Je m’attable à l’intérieur de la pâtisserie. Je suis face à mon éclair au chocolat. Je l’observe attentivement, le fait tourner doucement entre mes mains pour en étudier toutes les faces. Je hume ces senteurs subtiles de chocolat. Je m’en imprègne. Elles me font tourner la tête. J’envisage le plaisir que va me procurer ma première bouchée. Je retarde le plus possible le moment de passer à l’acte. Et puis, je ne peux plus attendre ; j’approche ce joyau sucré de ma bouche. Le contact se fait, mes lèvres s’entrouvrent doucement, sensuellement, et l’éclair au chocolat s’engouffre tel un supertanker pénétrant lentement dans un port. Huuummmmm… Divin. Se peut-il que l’on crée un tel délice, une telle douceur. Je me laisse envahir par toutes ces saveurs chocolatées que mon éclair relâche progressivement dans mon palais. Je ne mâche pas. Je conserve le plus longtemps possible en bouche cette délicieuse pâtisserie pour prolonger la magie du moment. Et puis le plus doucement possible je me délecte de ce chef d’œuvre. Le plaisir est total. Le pâtissier me confiera avec modifié plus de 20 fois sa recette avant d’atteindre cette saveur qui désormais lui convient. Je le remercie pour ce moment de bonheur qu’il m’a offert et je me mets cette fois réellement en route. Je traverse une nouvelle fois la forêt, cette fois vers l’ouest. Le ciel s’éclaircit et la chaleur s’accroit doucement pour atteindre 25° en plein après midi lorsque je traverse les grandes plaines Beauceronnes. Je croise moult éoliennes, signe de la force et de la régularité des vents qui balayent cette région. Je m’égard quelque peu, descendant trop au Sud jusqu’à Pithiviers. Et, une nouvelle fois, je serai heureux de retrouver mon SmartMachin Coréen que je sors du fond de sa tanière et qui me guidera à travers de minuscules routes jusqu’à Angerville ville de la famille maternelle que je me réjouie déjà de retrouver.

A demain.






En traversant la forêt













Suivi


Derrière la rue de la Crête

Derrière la rue de la Crête

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