Distance
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84km
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Dénivelé
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865m
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Durée de
pédalage
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4h54
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Moyenne
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17,2Km/h
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Département(s)
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Doubs
(25)
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Région(s)
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Bourgogne-Franche-Comté
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![]() |
Ciel sombre aujourd'hui |
m’arrête et je l’attrape fermement. Ce coup ci, il va y passer. Premier morceau : Hummmmm… Je ne regrette rien. Il est toujours aussi divin. Cet arrière goût subtil et puissant à la fois, qui semble se prolonger à l’infini dans de multiples variations. Je suis comblé. Ce qui lui permet d’échapper à la curée. Je le range, et repars enivré par ces douceurs. Je répéterais cette scène une petite dizaine de fois, toujours avec le même plaisir. Ce chocolat noir aux noisettes (LE « Ragusa » de la Fruitière de Morteau) me met dans un état proche de la lévitation. Je me sens léger. C’est une drogue puissante. Mes problèmes s’évanouissent et je me trouve emporté dans un tourbillon de félicité. Il est possible aussi que l’air vif du Jura, son vert si particulier et ses vaches fassent office de catalyseur. Toujours est-il que les 2 premières heures se passent comme dans un rêve chocolaté.
Aucune douleur, je plane à 50 centimètres du sol. Et puis l’effet hallucinogène s’estompe lorsque je me retrouve dans un chemin empierré. Je me suis relâché. Pourtant je le sais, je ne peux laisser la bride sur le cou à mon éclaireur SmartMachin Coréen : ce truc est l‘incarnation électronique de la fourberie. Et depuis quelques jours, je perçois bien que mes défenses tombent unes à unes. Je sens qu’un lien malsain d’amour-haine puissant se tisse entre nous. L’appareil a ses cotés pratiques, c’est indéniable. Il est attirant. Ce qui le rend d’autant plus dangereux. L’humain est si faible face au confort. Et ce truc est le doudou du XXIe siècle. Mais le doudou éternel, celui dont on ne peut jamais se défaire. Jusqu’à sa
mort cet envahissant appareil, espion à ses heures, nous colle au plus prêt : dans la main, dans la poche, sur la table de nuit ou sous l’oreiller, aux toilettes. Il nous suit partout accroissant sans cesse notre dépendance. Sous couvert de nous ouvrir au monde, il nous isole sans cesse plus. Il nous rend accro à son écran, à son touché, à ses sons auxquels on répond tel le chien de Pavlov. Il s’impose à nous. Et nous rend d’une impolitesse notoire. Il n’est qu’à remarquer nos comportements dans les lieux publics. L’oreille accrochée à notre petit bidule électronique, nous parlons fort comme si notre petite conversation privée avait valeur universelle. Un couple se promène dans la rue, chacun avec son SmartMachin à l’oreille. S’ils veulent se parler, ils doivent s’appeler. Vous discutez avec quelqu’un et son téléphone sonne : que croyez-vous que va faire votre interlocuteur (trice) ? Continuer la conversation entamée avec vous ? Mais non. Il (elle) se jette avidement sur son SmartMachin, vous signifiant par là même que vous n’êtes qu’un étron malodorant sur son passage. Vous faîtes la queue dans un magasin depuis 5 minutes, et votre tour approche, mais, dring, le SmartTruc de la caissière sonne. Alors tant pis pour vous, vous la chose réelle, vous n’êtes rien face à l’appel du SmartTruc. Vous attendrez. Le SmartMachin est l’incarnation de l’impolitesse, le prima du distant sur le proche, la priorité du virtuel sur le réel, la chose qui nous coupe des relations humaines effectives. Cette chose qui nous colle à la peau nous fait croire des billevesées. Elle nous fait croire qu’elle nous relie au monde alors qu’elle nous en isole. Elle nous fait croire qu’elle nous apporte la connaissance alors qu’elle nous rend incapable de nous concentrer plus de 3 minutes sur quelque sujet que ce soit.
Et moi, je suis les indications de mon SmartMachin Coréen.
Et je descends un chemin empierré. Avec de grosses pierres. Je dois faire
attention. Trop vite, je casse le vélo qui est trop lourd pour ce petit jeu.
Trop lentement je tombe, emporté par le balourd des sacoches. Concentration. Ça
descend, ça tourne, les grosses pierres roulent, tentent de bloquer ou dévier ma
roue avant. Je suis très concentré car je commence à mal sentir cette histoire.
Pierres, virages et descentes s’enchainent. Et puis un tunnel. Etroit et très
noir. Je n’y vois rien là dedans. C’est glauque. Ma vitesse augmente. Je tente
les freins. Très mauvaise idée. Il me semble que j’accélère encore plus. Mon
vélo glisse comme un Snowboard. Sans les quarts ! La roue avant commence à
se coucher. Je relâche les freins. Le vélo se redresse. Je n’y vois rien de
rien là dedans. Il me semble que je vais de plus en plus vite. Trop vite. La
sortie du tunnel qui approche m’éblouie. 2 ombres chinoise surgissent et
masquent un peu cette lumière éblouissante. Les ombres sont pile poil dans ma
trajectoire, le tunnel est très étroit, je vais très vite, je vais faire un
Strike de folie. Ai-je touché aux freins ? Je sens la roue avant qui
commence à s’incliner. En ligne droite. Doucement mais néanmoins très surement.
Inexorablement même. Le tunnel est vraiment très étroit. La roue avant a décidé
de se coucher, c’est sûr. Je glisse en direction du mur. Tente-je désespérément
de corriger cette folle trajectoire ? Je glisse beaucoup trop vite. La
roue avant s’incline beaucoup trop. Les ombres Chinoises s’approchent beaucoup
trop vite. Je percute le sol. Et je continue à glisser. Vite. Le vélo devant
glisse bien lui aussi. Jusqu’à ce qu’il percute le mur droit du tunnel. Il opte
alors brutalement pour un changement de trajectoire et part avec toujours autant
d’allant vers le bord gauche du tunnel. Et puis je ne sais plus. Je percute le
bord droit. Ouch ! Quelle glissade. Mon vélo a presque atteint la sortie
du tunnel. Je me relève. Sonné. Tout a été très vite. Tout a été très dur. Je
peux marcher donc je n’ai rien. Mal au bras. Ça glisse vraiment très fort dans
ce tunnel. Pour cause, le sol est une espèce de glaise bien humide. Je dois
faire attention pour ne pas m’en reprendre une. A tout petit pas, j’approche de
mon vélo. Je suis couvert de boue. Mon vélo aussi. Une boue bien visqueuse qui
glisse bien. Tant mieux, la faible adhérence a limité les dégâts apparents. Je
tente de relever mon vélo : il glisse. Je manque de tomber. Je tente une
nouvelle fois, le vélo glisse encore. Cette boue, c’est de la glace. Et puis ma
roue avant atteint la paroi gauche du tunnel ; et puis a roue arrière.
Grâce à cette butée je peux relever mon vélo. A peine 1 mètre pour sortir du
tunnel. Prudence et circonspection. Tiens, mes 2 ombres chinoises. Elles sont
là, en chair, en os, et en lumière. Une mère et sa fille et vélo. A pneus
cramponnés ; bonne idée pour ce lieu. Elles ont l’air choqué. Elles me
demandent si je vais bien. Ben oui, pourquoi ? Ah, oui la glissade. Je
regarde le vélo. Un paquet de boue. Les pneus sont recouverts de glaise qui bourre dans les garde-boue. Je regarde mes vêtements : je suis couvert de glaise. Elles me dévisagent longuement, de haut en bas, puis, par souci de symétrie, de bas en haut. Elles ne semblent pas convaincues par ma réponse. Elles réitèrent leur question l’air inquiet. Alors je bouge les bras, les jambes : Ok, tout va bien. Juste une glissade. Je remonte sur mon vélo et repars heureux de m’en être tiré à si bon compte. Et puis, s’éloigner, vite, avant que le destin ne change d’avis.
regarde le vélo. Un paquet de boue. Les pneus sont recouverts de glaise qui bourre dans les garde-boue. Je regarde mes vêtements : je suis couvert de glaise. Elles me dévisagent longuement, de haut en bas, puis, par souci de symétrie, de bas en haut. Elles ne semblent pas convaincues par ma réponse. Elles réitèrent leur question l’air inquiet. Alors je bouge les bras, les jambes : Ok, tout va bien. Juste une glissade. Je remonte sur mon vélo et repars heureux de m’en être tiré à si bon compte. Et puis, s’éloigner, vite, avant que le destin ne change d’avis.
Maintenant, arriver à Besançon sans autres cascades.
Rejoindre une route et couper le fourbe Google qui passera au peloton d’exécution
demain à l’aube.
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