samedi 12 août 2017

Etape 22 Vénaray-les-Laumes (proximité Alésia) – Tonnerre ; samedi 12 août 2017


Distance
68km
Dénivelé
460m
Durée de pédalage
3h53
Moyenne
17,5Km/h
Département(s)
Côte-d’Or (21) puis Yonne (89)
Région(s)
Bourgogne-Franche-Comté

Rêve de fesses : FIzik Aliante R3 Regular





Cauchemar de fesses : Selle Italia Prolink







L’heure est grave !

C’est la fin de la fesse. Mes fesses partent en miettes.

Vu le prix de la fesse sur les marchés, c’est une perte considérable que l’on ne peut accepter. D’autant plus qu’à force de détruire de la fesse, on va faire monter les cours. Ce qui accroîtra notre perte. Il nous faut des responsables. Vite. Et pas des sous-fifres et autres lampistes. Tiens, convoquez moi la selle immédiatement. Selle Italia Prolink. Avec un nom pareil, c’est une étrangère. Ça ne m’étonne pas. Qui d’autre ? Les poignées changées, la potence inversée, le cycliste fatigué, le froid… Et puis quoi encore, je ne veux pas le savoir. Je veux du responsable bien identifié et étranger de préférence. L’année dernière tout c’est bien passé, non ? Bon, d’accord, on a eut un petit bout de fesse arraché, mais que d’un côté et rien qui ne puisse remette en cause l’expédition. Alors que cette année, bonjours ! C’est la misère. La retraite de Russie, la Bérézina. A ne plus même pouvoir s’assoir sur un sofa. A croire que l’on s’est fait attaquer par une meute de chiens enragés. Terminé la fesse bien charnue. Le capital disparait à vue d’œil. A ce rythme là, on aura bientôt plus besoin de selle ; on aura plus de fesses à mettre dessus. L’affaire tourne au supplice. Finie la croissance. C’est la décroissance imposée. Encore un coup de ces Beatniks écolos. On n’avance plus. Les étapes rétrécissent à mesure que le calvaire augmente. Ça tourne au chemin de croix. Alors, il faut agir. Le seuil de douleur insupportable a été atteint. Que dis-je atteint, dépassé, et depuis des jours. Stop à la torture. Mobilisons nous pour la sauvegarde des fesses dodues. Préservons la fesse Française. Sinon on va finir avec de la fesse Chinoise greffée, voir au train ou vont les choses avec l’augmentation des salaires en Chine, avec de la fesse Bulgare, ou pire, Sud Africaine. Et pourquoi pas Pakistanaise tant qu’on y est ? Alors, on se bouge et on commande une autre selle. Et illico. Et je la déduirai de votre paye, non mais alors ! Et vous me commandez de la tendre, hein, de la douillette, en duvet d’oie. Pas du truc en cuir de vache de 150 ans d’âge asséché par la canicule du Sud. Non, vous prenez du duvet d’oie, au pire du duvet de canard. De la selle confortable, du sofa adaptable sur vélo. Débrouillez-vous. Je veux du confort maintenant. Sinon, on va finir les vacances dans un hôpital spécialisé dans la greffe de peau.

Voici en substance un échantillon des mes réflexions matinales. Douloureusement assis sur ma selle de fakir,  ce film tournait en boucle avec de multiples variantes ; mais la base du scénario ne bougeait pas. Elle était validée. Par la douleur. Insupportable. Alors je le crie : ‘ Je ne peux plus supporter cette selle ’. Entre elle et moi le divorce est consommé. Définitivement. Ne me parlez pas de conciliation ou d’autres billevesées approchantes. C’est terminé. Basta. Elle m’en a trop fait voir la sadique. Je suis un garçon patient, conciliant, je sais encaisser, mais lorsque le Rubicon est franchit, c’est TERMINé. Je ne peux plus la voir en peinture cette selle. Si ça continue, je vais la démonter et finir sans elle. Ne vous inquiétez pas, je démontrais aussi le tube de selle. On a des principes tout de même ! Et puis stop à la torture. Imaginez que depuis le début de mon petit périple, depuis 4 semaines, elle me pourrit la vie cette chiennasse. Elle me mine le fondement. Mais, maintenant c’en est assez. Je ne peux faire plus. J’ai atteint mes limites. Je les ai dépassées. Depuis trop longtemps. Le point de non retour est passé.
Et alors que je pédalais, entre un Aille et un Ouille, entre vitupération et juron, j’ai reçu la parole divine. L’illumination. «Change ta selle » disait la voix. Oh-oh, comment il y va celui là, ce n’est pas lui qui paye ! Mais la voix était tenace, le message répété et répété sans cesse. Un disque rayé. Alors sûr qu’à force, tout seul sur mon petit vélo, les fondations en ruine, j’ai fini par succomber. Et au bout de 3 heures de voix célestes et de mal au fesses, ma décision était prise : j’allais acheter une nouvelle selle. Et un modèle réputé pour son confort. Mais attention. Il faut que je vous explique. Jee suis exactement le contraire d’un acheteur compulsif. Donc cette décision d’achat, prise en 3 heures de douleurs, est pour moi une révolution, un séisme, un tsunami. D’ordinaire ce n’est pas 3h qu’il me faut, mais 3 ans pour passer de la réflexion à l’acte d’achat. Tout un tas de question me font différer l’achat : ai-je réellement besoin de ce bien ? Suis-je bien sûr de mon cahier des charges ? Ai-je bien étudié toutes les spécificités techniques des produits disponibles sur le marché ? Ne peut-on pas envisager dans un futur proche une rupture technologique qui pousserait à attendre encore ? Bref je suis du style à différer… puis à oublier. Je suis l’exemple même du mauvais consommateur. Mais là, j’ai le feu aux fesses alors, je peux vous le dire, en exclusivité : c’est fait ! Mais oui, c’est incroyable, mais j’ai commandé une selle. Neuve. Et tout en sachant cependant que cet achat ne réglera pas à coup sûr mes souffrances. Car le problème ne vient peut-être pas de la selle, mais peut-être simplement de mes fesses, ou de ma position, ou de tout autre facteur. Mais tant pis, c’est fait. Allez, je vous le dis, j’ai commandé une selle Fizik Aliante R3 regular. Choix cornélien je l’admets. J’avais 2 autres selles en vues. La référence du confort, la Brooks classique en cuir ou bien la C17 en caoutchouc et coton, mais l’une demande du rodage, et l’autre, après recherche, car oui, j’ai creusé le sujet tout l’après midi, donc, disais-je, l’autre semble limer les shorts et autres fuseaux de cyclistes. Alors halte à la déprédation de matériel, j’ai exclu Brooks. Enfin il restait la selle Italia Turbomatic, mais ayant une selle Italia actuellement j’ai préférer tenter une autre marque. Ensuite se posait le problème de la largeur 130mm, 140mm, 150mm ou 160mm ? Il faudrait que je mesure l’écartement entre mes ischions : impossible en ces lieux. Les selles conforts ont tendance à mesurer 140mm, et n’étant pas un grand gabarit cela m’étonnerait que mes ischions soient plus larges que la moyenne. Sachant que les selles larges provoquent des irritations par frottement, j’ai commandé du 140mm. Car les frottements, merci, j’ai déjà donné. Et pendant 4 semaine d’affilé. Je vous fais grâce de tout les autres critères très techniques qui m’ont occupé l’après midi. A 20H ma décision était prise, le modèle de selle fixé, la Fizik. Mais, la tannée continuait. Un système informatique retord avait décidé de me pourrir la vie. La nuit en fait. J’étais là avec mon petit PC fantasmant sur des heures de pédalage sans destruction systématique de mon arrière train, je voulais acheter cette selle, et le système de commande informatisé de « Alltricks » refusait obstinément l’obstacle. Le grand lâche. 4h de combat à l’épuiser, le fatiguer pour tenter de le rendre plus docile. Un vrai rodéo contre la bête déchainée. Qui sortirait vainqueur : l’obtus système informatique ou mes nerfs ? Ayant acquis au cours d’une fatigante carrière quelques expérience dans le fonctionnement parfois erratique de ces systèmes, je cherchais à amadouer celui-ci. Je voulais ma selle. Confortable. Je cherchais à passer à droite, à gauche, je tentais le dribble, la ruse, la flatterie, la menace. Je tentais tout pour acheter cette selle. Ma (très) grande obstination, l’éventail des ressources mise en œuvre finit par faire tomber les défenses du féroce et décérébré cerbère. En fait, cet entêté système refusait l’option de livraison sous 1 jour à domicile (payante). Ayant passé en revue, un par un, tous les choix de ma commande pour tenter de trouver l’origine du blocage, je sélectionnais par dépit, l’option livraison sous 1 jour dans un point relais (payante). Et à 23h, ma selle était commandée. Ahhhhhh….. Bénèze. Victoire à l’arraché de l’obstination humaine sur l’électronique têtue. Maintenant atteindre la Beauce ou j’ai fait livrer ma selle et rêver que la fin de mes vacances me verra pédaler sans souffrir le martyr du fessier. Les dés sont jetés.








 Et à part ça ? L’étape ?
Toujours ce froid. Ce vent glacial. Et aujourd’hui, terminé les beaux nuages de ces derniers jours, ces nuages de toutes les couleurs, de toutes les formes ; terminé ce magnifique ciel changeant. A la place un ciel uniformément gris avec un plafond nuageux au raz du casque. Triste. Du fait les paysages m’on paru tristes. La ville de Tonnerre m’a semblée déprimante. Les paysages : plats pour la plupart avec des espaces cultivés immenses. La variété de la montagne me manque. Et puis les routes droites désormais, même la D905 que j’ai suivi minutieusement, avec des voitures qui roulent trop vite, qui passent trop près de mon vélo. Le vent généré par les voitures s’associe au vent glacial et m’aspire à chaque fois que l’on me double. Je dois redoubler de concentration. Prudence.

Tonnerre






Enfin, un fait divers m’a amusé.
2 taureaux.
Chacun d’un coté de la route.
 Chacun dans un pré clos.
A ma droite le challenger qui ne doute de rien : il beugle comme un taureau furieux. Cri qui fait penser au brame du cerf. Il s’allonge le taureau, il avance sans cesse plus avant sa tête pour meugler. On le sent en rogne, prêt à en découdre. Il pointe droit vers l’autre coté de la route, vers le tenant du titre. Un monstre. Même race, Charolais probablement, blanc, mais d’un gabarit tout à fait impressionnant. Il ne regarde pas son adversaire, lui ; il le dédaigne. Il se tient parallèle à la route, face à moi. Mais l’autre, là, de l’autre coté de la route, lui fait tout de même monter le sang. C’est plus fort que lui. Il essaye de rester calme, mais rien à faire, il sent la moutarde lui monter au nez. Alors sa tête se baisse sans qu’il n’y prenne garde, et il tape, il tape le sol avec son sabot gauche, celui qui est de mon coté. Il tape fort, très fort. Et le sol tremble, la terre bouge, des mottes de terre volent. On le sens prêt à exploser ce colosse. Et dans le même temps, on sent qu’il essaye de se contenir. Un bon bougre en fait. Mais il n’y arrive plus avec l’autre roquet de l’autre coté qui beugle ses insultes sans s’arrêter. Je vois les muscles saillants du tenant du titre se gonfler. Je crains même qu’il ne défonce la barrière d’une seule charge incontrôlée tant l’autre, à côté, se cesse de l’énerver. L’un qui gueule à s’en faire exploser les cordes vocales et l’autre qui tente de se contenir en tapant sans cesse le sol comme une brute. La situation transpire l’extrême tension. Voir et entendre cette scène me fait d’abord rire. Mais l’électricité dans l’air, la tension de la scène me fait craindre le pire : me retrouver au milieu du champ de bataille si l’un des 2 protagonistes sous le coup de l’extrême excitation fait voler le frêle fil de l’enclos en tentant de défoncer son adversaire. J’accélère. J’essaye. Et je constate ma grande faiblesse face à ces masses de muscles. J’avance, j’avance, je les dépasse, ouf, je continue à tenter d’accélérer et j’entends toujours les meuglements d’un challenger qui insulte le tenant du titre, qui le défie. Cette situation va mal finir…



A demain.





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