lundi 7 août 2017

Etape 18 Sugiez Suisse -Camping des 3 lacs – Morteau France ; lundi 7 août 2017


Distance
61km
Dénivelé
1140m
Durée de pédalage
4h56
Moyenne
12,4Km/h
Col(s)
Col de la Tourne 1166m
Canton(s)
Fribourg puis Neuchâtel
Pays
Suisse, puis France

Neuchâtel


Mon petit tour de 7 jours en Suisse est terminé. J’y aurais parcouru 460km et gravis 5400m de dénivelé. 

Vacances à vélo
Lac de Neuchâtel (Suisse)
Je viens de franchir la barre des 1000km et des 16000 mètres de dénivelé. Avec un vélo, on ne va pas vite, mais on peut aller loin si l’on a un peu de temps. Depuis mon départ le 18 juillet j’ai parcouru 18 étapes, à la moyenne de 55km/jour et 900m/jour de dénivelé. Bien, mais la Suisse dans tout cela ?
Neuchâtel




Neuchâtel
C’est beau la Suisse, c’est propre, c’est calme… Mais c’est cher. Mon budget (en cure d’amaigrissement sévère) est donc heureux de ce retour sur le sol Français natal. Pour ma journée d’adieu à la Suisse, je commence par longer longuement le lac de Neuchâtel. Puis je m’en détache quelque peu et je m’élève à travers les vignes empruntant de minuscules routes bordées de petits murs de pierres sèches. Depuis quelques jours, j’ai toutes les audaces et j’utilise Google Maps en tant que routeur ; Google est mon éclaireur, et je tente, malgré sa fourberie avérée, de me fier à lui. Sorte de vice. Et je dois reconnaître que Google me guide à travers de charmants endroits bien reculés ; de petites routes, me conduisent à travers villages et campagnes. Agréable promenade. Mais Google est un fourbe a l’âme
de brute perverse ; il se complet à me faire gravir d’impossibles pourcentages. Google fait la promotion des vélos électriques (désormais excellents) qui tous, grimpent comme Froome, Contador et Quintana réunis. 18% c’est le pourcentage du jour de Google ; à 3 reprises sur des distances bien trop importantes pour mes petites jambes. Il veut quoi Google, ma peau ? C’est raide. Mais mon honneur  pâtirait que je posasse pied à terre. Alors je serre les dents et je prie pour que mes rotules restent solidaires de mes genoux ; il faut éviter d’éparpiller le matériel ! Surtout en Suisse, avec leur propreté proverbiale, des morceaux de genoux dispersés partout sur la route, ça ne passerait pas. J’irai surement en prison avant d’aller à l’hôpital. Ma vitesse ( ???) proche de l’immobilisme, frôle les 3km/h. Mes artères menacent de rompre, mon cœur bat la chamade et entre inconsidérément en zone rouge, mes 2 ventricules cardiaques s’affolent. Mon système de supervision crie au loup, au fou, au feu, au diable. Et puis le dénivelé se calme. Et moi aussi.
En montant vers le col de la Tourne








Je monte en direction du col des Tournes. Petit col trapu. 1166m, mais de très fréquents dénivelés  à 9%. Arrivé au sommet, je meugle un peu avec les vaches environnantes. Elles ont quant même un léger accent Suisse ces vaches ! Mais bon, on se comprend tout de même. On papote sur la qualité des pâturages, sur la rigueur du climat, sur le pour et le contre des trayeuses automatiques, sur les chiens de bergers qui se croient intéressant lorsqu’ils nous aboient après… enfin sur toutes ces petites choses si importantes dans une vie de vache. On meugle une dernière fois, elles me disent que franchement, j’ai un meuglement très franchouillard, puis je repars sur une ligne de niveau de 1200 mètres.
Le paysage s’élargit. Ici c’est le royaume des vaches et des foins. On trouve même des distributeurs automatiques de fromages sur ces plateaux Suisses ! Cette région qui rejoint Morteau par de toutes petites route est dénommé « La Sibérie Suisse ». Et de fait, l’air y est frais. Je dois enfiler ma veste malgré le soleil. Je roule m’enivrant des odeurs de l’altitude et de la beauté des ces hauts plateaux vallonnés.
Et puis, une barrière Levée. Vous savez ces barrières rouges et blanches qui marquent les frontières. Dans les films de guerre. Les contrôles. Les tentatives de franchissements illicites. Les faux papiers, les passeurs. La nuit. Caché dans les forêts de sapins. Une patrouille qui passe au loin. Attendre. Chut, ne pas faire de bruit. Bâillonner le bébé, qu’il ne crie pas. Ne pas se faire prendre ?
Avancer. Qui à la boussole ? Est-ce la bonne direction ? Est-on déjà du bon coté de la frontière ? Ces militaires, là-bas, de quelle armée sont-ils ? Allemands ou Suisses ? Ne pas tomber dans les griffes de la Gestapo où de la Waffen SS. Courir, vite, plus vite. Les balles sifflent. Ces sont des Allemands. Nous sommes du mauvais côté. Et la douleur d’une balle qui me transperce. Je tombe. J’entends des cris. Images de l’inconscient collectif véhiculé par les films ou quelques récits familiaux. Heures sombres de l’histoire. Cette barrière douanière blanche et rouge, levée, m’inquiète. Dois-je réellement m’engager sur cette petite route conduisant à Morteau, en France. L’endroit est désert. Il y a bien quelques fermes ici et là arborant fièrement le drapeau Suisse, mais personne autour. Pas un bruit, ni d’hommes ni d’oiseaux, pas une présence, rien si ce n’est cet inquiétant silence. Je reste planté là immobile devant cette barrière. Y aller ou pas ? La franchir ou pas ? Ce paysage vallonné fait de petites forêts de sapins séparant de petites surfaces cultivées ressemble à une zone interdite. Une zone tampon ? J’y vais, je m’élance sur cette petite route déserte. J’ai franchis la barrière. Elle est derrière moins maintenant. Je pédale. Vite dans les descentes, lentement dans les montées. L’une et l’autre alternent sans cesse. J’ai froid et je transpire en même temps. Toujours ce silence et cette solitude. Pédale. Avance. Je pédale et j’avance de petites collines en petites collines, de forêts de sapins en forêts de sapins, de champs en champs. Je pédale et j’avance. Toujours personne. Pas âme qui vive. Et puis une nouvelle barrière. Encore blanche et rouge. Encore levée. La frontière cette fois.
La vraie. Matérialisée aussi par une auberge, côté Suisse, arborant les 2 drapeaux preuve de l’amitié de ces populations séparées par cette ligne. Je m’arrête de nouveau. L’endroit est désert, encore. Silencieux, encore. Je suis fatigué. J’ai froid. J’ai chaud. J’ai mal au dos, aux jambes, aux fesses. Je divague. J’ai quelques inquiétantes visions. Bruits de bottes. Langage guttural. Aboiements agressifs de bergers Allemands. Ordres lancés comme des coups de fouets. Uniformes kakis. Casques en fer. Et cette langue qui se confond aux aboiements. J’ai froid. Je suis fatigué. Et cette barrière blanche et rouge, levée, là. Je la franchis. Ça y est. J’y suis. Oui mais de quel côté ? A quelle époque ? La fatigue toujours et ces images de cauchemar qui me hantent, encore. Fatigué. Me reposer. Chercher un endroit pour me reposer. A Morteau, à quelques kilomètres, en bas. Pédaler et avancer. Je pédale et j’avance.  9 jours consécutifs que je roule : il me faut me reposer.






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